Station(s)
Électro-poésie mutante et cinétique
jeudi 25 octobre 2007
par St&

« Station (1 ) » premier volet d’un triptyque intitulé « Stations » transcrit une série de trois postures : assise, debout, couchée.

Sa forme pluridisciplinaire mue de la voix à l’image via la danse : la parole qui l’initie transformée par traitement sonore et réinterprétée par une danseuse se clôt sur une projection graphique. Le vecteur de ces métamorphoses est la voix retraitée par informatique. Lors de ce processus, la technologie - dénominateur commun de ces reformulations - s’intègre comme élément de discours : l’interaction homme/machine est lisible par le public. Chaque interface est un canal de réécriture du texte original.


Écrire le mouvement.

« Station 1 » détaille la succession de mouvements d’une personne assise. Cette série d’instantanés anime cette fixité anonyme de mouvements infimes : séquence dont la visée est une subversion érotique du banal. L’action est décrite par modules. Leur interconnexion ménage une navigation aléatoire à travers le texte tout en préservant son unité de sens. Elle autorise des cycles qui peuvent évoluer en leitmotivs. Elle crée la part d’indétermination nécessaire à l’improvisation. Ainsi, la lecture exploite cette plasticité sonore par extension et déconstruction : sauts, boucles, s’appuyant sur la scansion binaire du poème-partition jusqu’à l’abstraction.


Jouer la voix.

Le texte conduit le processus de création sonore : la réinjection aléatoire de la parole répond à la structure modulaire du texte, intensifie cette volonté, en démultipliant à l’infini les connexions potentielles. À ces rencontres fortuites, confuses, sont ajoutées, par coupes et répétitions, l’accentuation du rythme, et la saturation du flot langagier. De façon plus intuitive, est intégré un travail sur le grain et la texture strictement sonore de la voix.


Entendre le corps.

La chorégraphie est minimale, basée sur la fixité. Elle décline une suite d’immobilisations qui se succèdent par brèves transitions, mues avec lenteur, fluide et précise. La rétention du geste le démarque de sa banalité. Cette série d’arrêts conte une présence charnelle dont la précarité induit une érotique du banal.

Le mouvement est mis en équation avec le texte par une série de capteurs apparents : à chaque capteur correspond un traitement du flot verbal, ainsi la danseuse manipule ces flux en temps réel.


Écrire le son.

Le propos postural est accentué par l’usage d’interfaces de captation gestuelle spécifiques. La démultiplication de celles-ci (clavier, potentiomètres, corps en mouvement, tablette graphique) est la potentialité d’autant de nouvelles écritures.

Ici, la source de manipulation sur le flot est l’écriture sur tablette graphique. C’est un retour au geste fondateur de la performance : l’écriture. Le processus qui lie le son au graphisme décrit un cycle :le son génère le visuel et le visuel génère le son.

L’espace de l’interface sert à manipuler simultanément le son (spatialisation, traitement du flux verbal, synthèse sonore) et l’image. Les signes du poème s’accumulent puis disparaissent à l’écran par vagues de matières sonores et visuelles. La projection atteste de cette interaction, l’amplifie.


Post Scriptum :
Domaine Ventre, Marseille, 2003